Les traditions

Tir du Roy

L’Abat Oiseau

Les Origines :

Homère, au 8ème siècle avant JC, cite déjà ce divertissement qui consiste à viser un oiseau placé sur une perche : Ulysse en fut un champion. On retrouve cette mention à Athènes au 5èmesiècle avant JC pour l’entraînement des archers de la police municipale.

Dans l’aube de leur existence, les confréries d’escrimeurs, d’archers, d’arbalétriers ou d’Arquebusiers tiraient leur « Roy » sur un oiseau (le Papegay). Il s’agissait d’un oiseau sculpté en bois, peint de manière voyante et, à l’origine, installé sur un clocher ou sur l’aile d’un moulin à vent. Aujourd’hui, il est généralement fixé sur une perche. L’oiseau, parfois appelé « geai », est fixé en haut d’une perche de 15 à 20 mètres de haut. Celui qui réussit à l’abattre complètement de sa flèche est nommé « Roy ».

Le tireur qui réussissait à abattre cet oiseau avait le droit de représenter la confrérie au cours de l’année suivante et, ainsi, de recevoir tous les honneurs. Pendant l’année de son règne, il était respecté et admiré par tous. De plus, il était exempté de toutes sortes d’obligations et de contributions au sein de son association.

Ce tir était considéré comme un jugement divin : Dieu dirigeait la main et l’arme du tireur, si bien que tous les tireurs, y compris les moins bons, avaient une chance de devenir « Roy ».

Au Moyen-âge les communes picardes mettent en place des compagnies d’archer pour assurer leur défense. Avec la concurrence de l’arbalète puis de l’arquebuse et du fusil, les archers ne se rassemblent plus qu’en compagnies de jeu et se mesurent alors dans des compétitions de « Tir à l’oiseau » ou au « Beursault ».

Au 12ème siècle ce jeu était favorisé par le Duc de Bretagne, le Roi de France et autres suzerains car en développant l’émulation entre archers (puis arquebusiers…) il permettait de maintenir partout la présence d’hommes habiles pouvant être utiles en cas de guerre. Chaque année, le Roy du Papegay bénéficiait de l’honneur et de la renommée mais aussi de privilèges fiscaux et notamment de la possibilité de vendre l’équivalent de plusieurs milliers de litres de vin hors taxes !

Du 16ème au 18ème siècle cette pratique festive était très prisée de la noblesse qui se mesurait lors de rencontres dotées de prix en orfèvrerie parfois de grande valeur lorsque les princes et souverains eux-mêmes se défiaient.

Le déroulement :

Auparavant, lorsque les archers habitaient tous le même village il était de coutume d’aller chercher le Roy chez lui avant la cérémonie et de lui rendre les honneurs.

Nul ne peut prendre part au tir s’il n’est pas à jour de ses dettes et cotisations.

Le tir à l’oiseau se fait dans l’ordre suivant : Empereur, Roy, Connétable, Capitaine honoraire, Capitaine. Puis les Officiers, les Chevaliers, les Archers et les Aspirants dans l’ordre du tirage au sort.

L’oiseau, du volume du pouce à peu près, les ailes et les pattes serrées contre le corps et ne faisant aucun relief, est placé devant le noir de chaque carte.

L’oiseau peut se tirer à la perche, si les localités le permettent.

 

L’abat oiseau commence en début d’après-midi ; si celui-ci n’est pas tombé au coucher du soleil le tir reprendra au dimanche suivant. Si par malchance l’oiseau n’est toujours pas tombé il faudrait alors inviter une autre compagnie au grand déshonneur des archers.

Il faut pour que l’abat oiseau soit bon et valable que le corps de l’animal, et non pas une de ses parties, soit abattu et qu’il ait été touché de la pointe de la flèche ce qui se vérifie par la marque que laisse le coup.

L’archer, resté sur le pas de tir, déclare alors :

– J’ai lancé de l’encoche et frappé du fer

L’oiseau est apporté à celui qui l’a abattu par le capitaine ou par l’officier du plus haut grade qui s’avance avec tambour et drapeau, par l’allée centrale du jeu qu’on appelle pour cette raison allée du Roy.

A l’abat l’oiseau un nouveau Roy est promu. Nommé roi de la compagnie il doit saluer les buttes ainsi que tous les archers présents. Il reçoit alors une écharpe rouge

Les plus jeunes archers concourent pour le titre de « Roytelet », leur écharpe sera blanche ou rouge. Quelques jours plus tard le Roy et le Roytelet organisent un tir au jeu d’arc doté d’un prix financé par les participants de l’abat oiseau.

Le Roy de France :

Cette distinction est récente puisse qu’on n’en parle pas avant le début du 20ème siècle.

Cette manifestation regroupe tous les Roys des compagnies de France afin de désigner celui qui sera le « Roy » parmi les Roys. Une centaine d’archers s’affrontent sur 6 perches. Les 6 archers ayant fait tomber l’oiseau de leur perche sont qualifiés pour se mesurer entre eux lors d’une finale sur une unique perche.

Traditionnellement le roi de France est désigné le 1er mai.

De 1950 à1971, le tir du Roi de France se déroulait à Longueval avec une exception en 1966 à l’occasion du Bouquet provincial de Vic sur Aisne où il eut lieu le 2 mai.

Depuis 1972 le tir du roi de France est organisé par la compagnie de Vic sur Aisne.

Source : Les traditions du Tir à l’Arc. L’Abat Oiseau – Ligue de Picardie de Tir à l’Arc

http://arc-poitiers.fr/wp-content/uploads/2018/10/Roi-Plaquette-2010-1.pdf

Les archers qui prennent part au tir doivent tirer leurs flèches, la tête couverte et doivent saluer la carte et les personnes présentes avant de lancer leur première flèche en se découvrant en disant :

– Mesdames, Messieurs les Archers, je vous salue.

Chaque archer doit avoir tiré une flèche pour que le titre soit attribué. Ainsi, si l’oiseau est abattu dès la première flèche, il est remis en place. Les archers restants tirent et si personne ne réussit à faire tomber l’oiseau, il est considéré comme attribué au premier. Si un second archer le fait tomber aussi à la première flèche, les deux coups s’annulent et le tir reprend.

Quand chacun des archers a tiré sa flèche, tout le monde va les récupérer et se retrouve sur le pas de tir pour continuer le tir dans l’ordre défini.

Dès que l’Oiseau est touché, le Capitaine (si ce n’est pas lui qui a fait tomber l’Oiseau) accompagné d’un officier va constater :

  • si le coup est jugé mauvais, on replace l’Oiseau et l’on continue le tir.
  • si le coup est valable, l’Oiseau doit être « tué » , c’est à dire qu’il présente la trace visible d’un impact dans une zone vitale.

Le tireur reste au pas de tir en attendant la décision.
Si le coup est valable, l’oiseau est apporté à celui qui l’a abattu. Le Capitaine lui pose alors la question rituelle ;

– Archer comment as-tu fait ce coup ?
– J’ai tiré de l’encoche et frappé du fer.

L’archer est alors proclamé Roi de l’année et se voit remettre les Joyaux du Roy, la flèche, l’Oiseau et l’écharpe.

Le capitaine tient alors ce type de discours :

– Silence et chapeau bas !

– Au nom de Saint Sébastien, Martyr du jeu de l’arc, ce jeu si noble et si franc, auquel il n’y a aucune tromperie. Sire ! Vous qui avez mis le coup du Roy, voici le prix, je vous le présente.

– Un genou en terre vous mettez et chacun avec moi va crier : Vive le Roy !

– Ce verre de vin, je vous le donne et, de crainte que vous soyez empoisonné, je vais y goûter le premier.

– Et criez avec moi : Vive le Roy !

Saint Sébastien

On ne saurait parler de l’archerie traditionnelle sans évoquer Saint Sébastien, le patron des archers.

Sébastien serait né en 260 à Narbonne d’un père gaulois et d’une mère milanaise. Il se serait engagé à l’âge adulte dans l’armée en 283 et se serait vite distingué par sa loyauté, son intelligence et sa bravoure. Sous le règne de l’empereur Dioclétien, qui martyrisait les chrétiens, il aurait été fait officier de l’armée impériale et capitaine de la garde.

Nous ne savons pas à quel moment de sa vie Sébastien serait devenu chrétien, nous savons que l’empereur aurait ignoré que celui-ci l’était devenu. Pendant l’épuration idéologique, Sébastien aurait profité des prérogatives attachées à son grade, pour aider et consoler les captifs en prison.

Un jour de l’an 286, il aurait été dénoncé puis amené devant l’empereur qui ne se doutait de rien. L’empereur se serait efforcé par toutes sortes d’artifices de le détourner de sa foi du Christ. Mais, comme il n’aurait obtenu aucun changement, il l’aurait alors condamné.

Son martyr fut d’être attaché à un arbre pour servir de cible à sa propre troupe d’archers. Le croyant mort, tous l’abandonnèrent.

Une femme venue chercher son corps, s’aperçut qu’il vivait encore. Elle le soigna et quelques jours après il fut miraculeusement guéri.

Malgré la prudence qui lui fut recommandée, il alla se présenter à l’empereur pour secourir ses frères chrétiens. L’empereur, furieux et vexé, l’aurait à nouveau condamné le 20 janvier 288, à l’hippodrome de Rome, à la mort par lapidation puis jeté, encore ensanglanté, dans la Cloaca Maxima (égouts) afin que son corps de martyr ne soit pas vénéré plus tard.

L’histoire veut que le Christ aurait permis à Sébastien d’apparaître en songe à une Dame de Rome nommée Lucine, lui révélant ainsi où était son corps afin qu’elle l’ensevelisse près des catacombes, auprès des apôtres Pierre et Paul.

Sébastien est l’un des rares saints qui fut martyr à deux reprises.

En 825, Hilduin, Abbé et Evêque de Soissons, fit le vœu de faire venir les reliques de Saint Sébastien dans son diocèse. Pour ce faire, il arma les Archers Chevaliers de la Compagnie d’arc de Soissons et les chargea de cette délicate mission. Une fois ramenées, afin d’assurer la garde des précieuses reliques à l’Abbaye Royale de Soissons, l’Abbé créa une milice armée, qui deviendra l’Ordre de Saint Sébastien, dont lui et tous ses successeurs seront les Grands Maîtres.

La fête de Saint Sébastien est célébrée chaque année par les archers. Traditionnellement, le dimanche le plus proche du 20 janvier, en mémoire du supplice de leur patron.

La Saint Sébastien est au sein d’une Compagnie d’arc la deuxième manifestation annuelle la plus importante, après le Tir du Roy.

La rue des Archers

Situation :
La rue des archers débute place des Célestins. Elle va vers l’est jusqu’à la rue de la République.

Architecture :
L’élément le plus marquant étant les trois sculptures d’archers représentés de pied au dessus du numéro 15.

Dédicace :
Les trois archers de pierres illustrent magnifiquement la dédicace qui garde le souvenir d’une  caserne d’archers du Roi qui se trouvait à coté dans la cour des Archers.
Le dernier vestige de cette cour étant aujourd’hui une petite ruelle voûtée située au 10 rue Confort.

Au 17eme siècle, le premier dimanche de mai, la Compagnie des Archers de Lyon organisait le tir du papegai, aux Brotteaux face à l’hôtel dieu.

Dans les années 1960, la brasserie aux Archers leur rendait hommage par des archers et autres Hallebardiers grandeur nature qui la décoraient.

Histoire :
Les lieux ont été occupés à partir du 13éme siècle par les moines Jacobins, ils ont été chassés à la Révolution.

La préfecture s’est ensuite installée ici de 1818 à 1852.

La compagnie des Archers de Lyon fondé en 1430, issue de la milice bourgeoise lyonnaise, s’illustre à la bataille d’Anthon le 11 juin 1430 ( actuellement Janeyrias où il y a un mémorial) contre le prince d’Orange. Cela décide Charles VII à élever les archers Lyonnais au rang de Compagnie Royale en 1431.

A partir de 1486 la Compagnie s’installe dans la chapelle St Germain.

Histoire de la compagnie

Les chevaliers

Les Chevaliers actuels sont les successeurs de ces archers du Moyen-âge à qui avait été confié de ramener de Rome les reliques de Saint Sébastien à l’Abbaye de St Médard les Soissons, l’ordre de St Sébastien en ayant la garde et la protection.

L’organisation de nos Compagnies et les règlements de la Chevalerie se transmettaient essentiellement de manière orale, bien des usages ont été déformés ou mal interprétés, entraînant le désintérêt de certains de nos anciens, et parfois la disparition de Compagnies traditionnelles.

En conséquence, la RONDE DES FAMILLES D’ILE DE FRANCE décida de créer un Conseil composé de Chevaliers représentants les Familles, pour établir une charte destinée à harmoniser les traditions et les pratiques de la Chevalerie qui nous ont été transmises.

Il est indispensable que tout archer ait une bonne connaissance des règlements qui régissent sa Famille, et si possible des règlements généraux.

Ces règlements sont issus de ceux rédigés :

  • Le 29 novembre 1733 par l’Abbé Charles ARNAUD DE POMPONNE.
  • En 1863, publiés par la Famille de PARIS, applicable en 1864.
  • Le 21 décembre 1934, mis à jour le 20 novembre 1960 et réédité en 1975 dans le guide fédéral de la Fédération Française de Tir à l’Arc.

Ils sont la base de notre organisation traditionnelle.

En 1899 sous l’égide de Monsieur JAY, Capitaine de la Compagnie de Saint Pierre de Montmartre, et pour donner une organisation solide aux Compagnies d’arc, les Familles de l’Ile de France et des Compagnies de l’Oise, fondèrent la FEDERATION DES COMPAGNIES DE L’ILE DE FRANCE, régie par un Conseil Supérieur.

Cette fédération prit un caractère national en 1911 en s’appelant :

FEDERATION DES COMPAGNIES D’ARC DE FRANCE. Elle changea son nom en FEDERATION FRANCAISE DE TIR A L’ARC en 1928.

Octave JAY, a été le 1er Président de la Fédération Française de Tir à l’arc.


Au sein de la compagnie, nous comptons cinq chevaliers faisant partie de la Ronde Rhône-Alpes des chevaliers d’arc, perpétuant ainsi les traditions du tir.